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LEXIQUE & HISTOIRE DE L’ART (suite 2)

C U B I S M E

Mouvement artistique qui dans les années 1908-1920 a substitué aux types de représentation issus de la renaissance des modes nouveaux et plus autonomes de construction plastique.
La leçon de Cézanne et la découverte de l’Art Néo-Africain ouvrent la voie aux travaux de Picasso (Les Demoiselles d’Avignon, 1906-07) et de Braque (dont les paysages “cézanniens” de 1908 paraissent à un critique comme réduits à une articulation de petits cubes).
Une phrase, analytique, à partir de 1909, voit l’adoption par les deux artistes amis de plusieurs angles de vue pour la figuration d’un même objet, disséqué en multiples facettes dans une gamme restreinte de teintes sourdes. Ces œuvres frôlent parfois l’abstraction (Cubisme Hermétique), mais l’introduction de chiffres ou de lettres au pochoir puis en 1912, l’invention du collage et du papier collé réintroduisent le réel sous une forme nouvelle, ouvrant la phase synthétique du cubisme (Cubisme Synthétique).
À la même époque, d’autres peintres réunis dans le groupe dit de « Puteaux » puis de la « Section d’Or » expérimentent la nouvelle esthétique et organisent à Pais des présentations de leurs œuvres qui font scandale : les frères Duchamps (Marcel 1887-1968 - Raymond 1876-1918), Albert Gleizes 1881-1953) et Jean Metzinger (1883-1956) qui publient en 1912 un traité théorique, Louis Marcoussis (d’origine polonaise 1878-1941), André Lhote (1884-1962), Juan Gris (d’origine espagnol 1887-1927), Fernand Léger (1881-1955), Robert Delaunay (1885-1941), Frantisek Kupka (d’origine tchèque 1871-1957) Ces deux derniers artistes représentant une version lumineuse et colorée du Cubisme, baptise par Apollinaire « Orphisme ».

Divers sculpteurs sur les traces de Picasso interprètent en trois dimensions les principes du cubisme : Alexander Archipenko (d’origine Russe 1887-1964), Joseph Csaky (d’origine hongroise 1888-1971), Raymond Duchamps-Villon (1876-1918), Henri Laurens (1885-1954), Jacques Lipchitz (d’origine Lutuanienne 1891-1973), Ossip Zadkine (d’origine russe 1890-1967)
Après la Première Guerre Mondiale, chacun des créateurs ou adeptes du Cubisme prend sa liberté par rapport à celui-ci ; il est de même pour les nombreux artistes qui des Pays-Bas à la Russie, en ont reçu l’influence, au premier rang desquels les Constructivistes.

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Origine du mot :

Le terme cubisme provient d'une réflexion d'Henri Matisse, relayée par le critique d'art Louis Vauxcelles, qui, pour décrire un tableau de Braque, parla de "petits cubes".
Le cubisme prend source dans les écrits et dernières œuvres de Paul Cézanne. Les historiens répéteront souvent la phrase tirée d'une lettre du 15 avril 1904 de Cézanne à Émile Bernard : "Traitez la nature par le cylindre, la sphère, le cône, le tout mis en perspective, soit que chaque côté d'un objet, d'un plan, se dirige vers un point central." Cette phrase, même sortie de son contexte, est déjà en soi un peu légère pour justifier les théories cubistes. Mais la parenté de ces théories avec les recherches de Cézanne devient franchement douteuse quand on lit la suite de la lettre que les historiens omettent toujours : " les lignes parallèles à l'horizon donnent l'étendue, soit une section de la nature ou, si vous aimez mieux, du spectacle que le Pater Omnipotens Aeterne Deus étale devant nos yeux. Les lignes perpendiculaires à cet horizon donnent la profondeur. Or, la nature, pour nous hommes, est plus en profondeur qu'en surface, d'où la nécessité d'introduire dans nos vibrations de lumière, représentées par les rouges et les jaunes, une somme suffisante de bleutés, pour faire sentir l'air." Quand on lit très simplement ce propos, sans chercher midi à quatorze heure, on s'aperçoit que Cézanne ne fait qu'indiquer une démarche très classique pour aborder la peinture d'un tableau en général, et d'un paysage en particulier : les perpendiculaires donnent la profondeur, les horizontales l'étendue, tout volume arrondi (ce qui n'est pas le cas du cube) a un point culminant vers l'œil du spectateur, et, pour les couleurs, les rouges et les jaunes donnent les vibrations de lumière tandis que les bleus donnent l'air. C'est relativement très simple, et nul doute que tous les grands peintres avant Cézanne savaient ça, au moins d'instinct. Il n'y a de la part de Cézanne aucune interprétation révolutionnaire du monde, comme on l'a trop dit, et il n'avait sans doute pas ce projet enfantin de tout réduire à des cubes enchevêtrés ou à des figures géométriques. Qu'aurait pensé Cézanne des théories cubistes ? peut être aurait-il dit aux peintres cubistes ce qu'il disait à Emile Bernard en 1904 : "Il [l'artiste] doit redouter l'esprit littérateur, qui fait si souvent le peintre s'écarter de sa vraie voie — l'étude concrète de la nature — pour se perdre trop longtemps dans des spéculations intangibles."

Le Cubisme veut aussi se justifier et se rattacher à Cézanne par la recherche d'une solidité et d'une densité en réaction aux recherches des effets lumineux et atmosphériques des Impressionnistes qui, du moins dans un certain nombre de paysages, tendent à noyer et éthérer les volumes dans des papillotements de couleurs. Mais là encore, c'est sans doute aller au-delà de ce que prônait Cézanne.
C'est donc vraisemblablement sur un malentendu qu'à partir de 1906 et les Demoiselles d'Avignon (considérées généralement comme le premier tableau cubiste) Picasso et Braque appliqueront leurs théories, non seulement aux paysages mais aussi aux natures mortes et à la figure humaine.
C'est à partir de 1910, avec ce que l'on nommera le cubisme analytique, que ces deux peintres vont affirmer une rupture avec la vision classique déjà entamée depuis quatre ans. Ils abandonnent l'unicité de point de vue du motif pour en introduire de multiples sous des angles divers, juxtaposés ou enchevêtrés dans une même œuvre. Ils s'affranchissent de la perspective pour donner une importance prépondérante aux plans dans l'éclatement des volumes.

Qu'est-ce-que le cubisme? :

Ce mouvement artistique du début du XXéme siècle utilise les formes géométriques simples pour représenter des personnages et des objets sous plusieurs angles.
Simplifions les formes:
Le peintre Paul Cézanne pensait que l'on pouvait regarder et représenter les choses à partir de formes géométriques simples comme la sphère ou le cône. Cette idée sera le point de départ du mouvement cubiste. En 1907, Pablo Picasso réalise le premier tableau cubiste (Les Demoiselles d'Avignon). Il représente des femmes avec des visages ressemblant à des masques africains. Leurs yeux sont de face et leur nez de profil. Georges Braque est fasciné par cette toile. Les deux artistes développent alors une nouvelle forme d'art.
Les objets sous tous les angles:
Ils choisissent de montrer toutes les facettes d'un objet en même temps. À l'époque, certains disent que ces oeuvres sont composées de petits cubes, d'où le nom "cubiste". La lecture du tableau est plus compliquée, mais tout est visible en même temps: devant, derrière, les côtés, le dessus, le dessous. Les artistes cubistes utilisent aussi le papier collé et créent des peintures en trompe-l'oeil.
Un mouvement révolutionnaire:
Le mouvement s'est éteint en 1914. Bien qu'il n'ait pas duré, il a eu très grande influence sur l'évolution de l'art. Il donnera notamment naissance aux courants futuriste et constructiviste.
Les artistes ayant fait partie du mouvement cubiste::
Georges Braque, Juan Gris, Roger de La Fresnaye, Henri Laurens(sculpteur), Fernad Léger, Jean Metzinger, Pablo Picasso.

Influence d'Apollinaire :

Grand admirateur de Cézanne, auquel il rêva de consacrer une longue étude qui ne vit jamais le jour, le poète Guillaume Apollinaire fut le défenseur des peintres cubistes aux premiers jours. C'est lui qui leur inspira ou qui décela ou, plus vraisemblablement, qui imagina dans l'analyse de leurs œuvres, avec un certain lyrisme, une dimension métaphysique.
En 1908, il rédige la préface du catalogue d'une exposition dans laquelle il énonce les trois vertus plastiques, reprise en introduction des Peintres cubistes.
L'idéologie cubiste est entièrement contenue dans ce livre ; il est donc suffisant d'en prendre connaissance pour se faire une idée complète des buts du cubisme.
L'idée essentielle d'Apollinaire est la nécessité de la destruction de la notion d'un Dieu créateur remplacé par la notion que chaque homme est Dieu lui-même, dans la mesure où il prend conscience de sa divinité, et qu'en conséquence, les hommes n'ont aucune raison pour vouer un culte à la nature, qui n'est alors qu'un aspect minuscule, passager et périssable de l'univers. La grande préoccupation d'Apollinaire est de voir, ainsi qu'il le dit, "la nature terrassée". Il juge le culte de la nature comme le seul obstacle à la possession de ce qu'il nomme la "pureté", le seul obstacle à la conquête de l'absolu par l'humanité. Aux formes terrestres, il oppose "la grandeur des formes métaphysiques"; "en deçà de l'éternité, écrit-il, dansent les mortelles formes de l'amour, et le nom de nature résume leur maudite discipline"1
Cette forme de révolution religieuse ou métaphysique au nom de l'art pictural, et aboutissant dans celui-ci à une rupture avec le respect de la nature, rupture avec la peinture ancienne et de tous les temps, déformation sans limites et non-figuratisme, fut contestée. Léon Gard (1901-1979, peintre et écrivain d'art) écrit : "La difficulté de la position d'Apollinaire est que la suppression du culte de la nature n'empêche pas cette nature d'exister, et n'empêche pas que nous en fassions partie. Le véritable obstacle à ce que nous, créatures de la nature, possédions l'absolu, n'est donc pas le culte de la nature mais la nature elle-même. Et si l'on pense, avec quelque apparence de raison, que la nature, aussi grande qu'elle soit, n'est pas l'absolu, il faut aussi penser que les créatures de la nature ne peuvent considérer l'absolu qu'à travers la nature en remontant à son créateur."2

Quatre périodes :

Précubisme, ou phase cézanienne (1907-1910). La démarche s'attache à la représentation en volume de l'objet, à la manière de Cézanne ou des masques africains ; la perspective traditionnelle est souvent malmenée. Concerne essentiellement Pablo Picasso (cf Réservoir à Horta) 1909, et George Braque. André Derain et Fernand Léger mènent alors des recherches parallèles.

Cubisme analytique (1910-1912). L'objet est déconstruit, et toutes ses facettes sont représentées en fragments, sans aucun égard pour la perspective ; cette phase de recherche se caractérise par un chromatisme très peu saturé (gris, brun, vert, bleu terne). En revanche, la lumière occupe une place très importante ; elle se répartit différemment sur chaque fragment. Concerne essentiellement Pablo Picasso, (cf Le joueur de guitare, 1910) et Braque, qui coopèrent et rivalisent d'inventivité pour toujours pousser plus loin la démarche. Leurs toiles tendent à la stylisation abstraite.

Cubisme synthétique (1912-1914). Cette période est caractérisée par le retour de la couleur et par l'utilisation de la technique du collage (papiers, objets). Le peintre sélectionne les facettes les plus pertinentes de l'objet déconstruit (contrairement à la deuxième phase, où il n'y a pas de sélection). Des éléments de la réalité sont réintroduits, notamment par le collage de papiers ou donnant des indications de matière à l'objet représenté (faux bois ou toile cirée). Cf. Pablo Picasso, Guitare et bouteille de Bass, 1913. Braque et surtout Juan Gris donneront à ce style une rigueur et une sérénité classique.

Cubisme orphique. Le nom est donné par Guillaume Apollinaire à propos des deux principaux représentants de cette forme de cubisme: Robert Delaunay et sa femme Sonia Delaunay. La couleur se détache de toute forme et permet la création, dans leurs œuvres, de cercles concentriques colorés, donnant rythme et vitesse au tableau.

Artistes :
Maison u černé matky boží, arch. Josef Gočár, qui abrite les collections d'art cubiste de la Galerie nationale à Prague.
Pablo Picasso (1881-1973) - Georges Braque (1882-1963) - Alexander Archipenko (1887-1964) - Constantin Brancusi (1876-1957) - Étienne Cournault (1891-1948) - Robert Delaunay (1885-1941) - Sonia Delaunay (1885-1979) – Marcel Duchamp (1887-1968) - Raymond Duchamp-Villon (1876-1918) - Jacques Villon (1875-1963) - Albert Gleizes (1881-1953) - Juan Gris (1887-1927) - Henri Laurens (1885-1954)


Vers l'abstraction :
Le cubisme, comme le souligne Guillaume Apollinaire dans Les Peintres cubistes. Méditations esthétiques (1913), a ouvert la voie de l'abstraction (suprématisme, expressionnisme abstrait, Bauhaus) et de l'art conceptuel, bien que le cubisme n'ait pas produit d'œuvres totalement dénuées de lien avec la réalité. D'une façon plus générale, tous les artistes importants qui réussiront à trouver un style personnel après la Première guerre mondiale, seront passé à un moment ou à un autre, par une phase cubiste (Piet Mondrian, Marcel Duchamps, Kurt Schwitters, les artistes russes et italiens, Salvador Dali ...)

Courants voisins :
Le cubisme, qui décompose les objets, est proche de deux mouvements :
. le futurisme, qui décompose le mouvement,
. l'orphisme, qui décompose la lumière.

En Tchécoslovaquie :

Article détaillé : Cubisme tchécoslovaque.
L'un des pays où le cubisme s'est particulièrement répandu est la Tchécoslovaquie. Les artistes tchécoslovaques, pour des raisons nationalistes, tentent d'échapper au Sezessionsstil viennois et au Jugendstil allemand et regardent obstinément du côté de la « Mecque » artistique qu'est Paris à cette époque. Si Alfons Mucha fait encore partie de la « vieille garde » de l'Art nouveau, d'autres comme František Kupka, Josef Čapek, Antonín Procházka, Emil Fila, Toyen ou Bohumil Kubišta au nom prédestiné adoptent sans attendre et avec enthousiasme les concepts cubistes.
Ceux-ci pénètrent alors tous les aspects de la vie quotidienne :
ameublement avec Vlastislav Hoffman ou Josef Gočár
arts décoratifs avec le sculpteur Otto Gutfreund ou l'association artistique Artěl qui promeut la création artistique cubiste (verrerie, porcelaine, reliure…) l’ architecture surtout avec Josef Gočár, Pavel Janák, Josef Chochol.

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S U P R E M A T I S M E

À compter de 1915, d’inspiration spiritualiste, théorie et pratique du peintre Russe Kasimir Malevitch (1879-1935) et de ses disciples Lazar Lissitzky, Ivan Klioune, Olga Rozanova.

Naissance :

Kasimir Malevitch, ancien cubofuturiste, travaille en 1913 avec le poète Alexeï Kroutchonykh et le compositeur Mikhaïl Matiouchine à l'opéra Victoire sur le Soleil. Cette œuvre chantait le triomphe de l'Homme sur la nature ainsi que sa supériorité obtenue par la machine. Malevitch était le scénographe : pour l'acte I, il décide d'utiliser un immense carré bicolore comme toile de fond. Cette décision constitue un pivot dans sa production puisqu'elle enclenche des réflexions qui mèneront à la conception du suprématisme.

Principes esthétiques du suprématisme :

Malévitch se base encore sur l'aspect géométrique, les couleurs primaires et le mouvement dynamique du cubofuturisme pour développer la théorie du suprématisme. Ses recherches formelles le mèneront sur de nouvelles voies plastiques.

Forme :

Les formes utilisées par ce mouvement sont essentiellement bidimensionnelles et répondent à la bidimensionnalité du médium. Les trois formes de bases sont le carré, le cercle et la croix. Le carré était la forme préférée de Malévitch, puisque c'est une forme scientifique et non naturelle, basique, universelle et c'est à partir de cette forme qu'il élabore les autres.

Le suprématisme est l'aventure artistique et spirituelle d'un seul homme, Kasimir Malevitch, avec qui d'autres artistes font un bout de chemin sans le suivre très longtemps. En décembre 1915, Malevitch présente plus de trente peintures abstraites : l'exposition pseudo-futuriste 0,10, à Petrograd. Il fait imprimer une plaquette intitulée Du cubisme et du futurisme au suprématisme, un nouveau réalisme pictural. Pourquoi « suprématisme » ? Parce que l'artiste pose en principe la suprématie du sentiment pur qui trouve un équivalent dans la forme pure, dégagée de toute signification symbolique ou rationnelle. Le vocabulaire de formes se limite au carré, au cercle et à la croix. Pourquoi « nouveau réalisme » ? Parce que, expliquent ses amis Ivan et Xénia Puni, « la relation entre les éléments révélés dans le tableau constitue une nouvelle réalité, point de départ de la nouvelle peinture ». Ce degré zéro de la peinture, Malevitch l'a déjà atteint à cette date avec son Carré noir sur fond blanc. Le tableau ne comporte plus que des formes pures et des couleurs pures. Il ne renvoie à aucune autre réalité que la sienne. A partir de là, Malevitch prévoit que la peinture va s'envoler dans un espace immatériel. Il ira même jusqu'à accrocher ses toiles au plafond pour prouver la véracité de ses dires. Pendant que les autres suprématistes exploitent les ressources plastiques de la couleur et de la forme pures, dans le domaine de la peinture, mais aussi de la sculpture (Ivan Puni) et du collage-assemblage (Olga Rozanova), Malevitch s'engage de plus en plus dans la quête mystique d'un monde sans objet, ou monde de la non-représentation. Il aboutit ainsi au Carré blanc sur fond blanc de 1918. La libération est accomplie, puisque le blanc est ce néant dévoilé, cet espace infini désormais ouvert à tous les artistes. Ayant franchi cette ultime étape au-delà de laquelle la peinture n'est plus perceptible, il propage l'évangile suprématiste à Vitebsk, où il enseigne à partir de novembre 1919 à l'école d'art dirigée par Marc Chagall.

Couleur :

Il y a trois catégories de couleur chez les suprématistes. Premièrement, le fond est blanc, afin de représenter l'espace infini. Le noir est réservé à la figure emblématique du carré et les couleurs primaires pour le reste.

Espace :

Pour les suprématistes, l'espace dépasse la représentation en trois dimensions et s'inspire des théories géométriques de la quatrième dimension. Cette forme d'espace est conçue de plusieurs couches de dimensions au travers desquelles les formes évoluent.
Dans l'œuvre de Malevitch, la quatrième dimension fusionne le temps et l'espace : ces deux éléments permettent aux formes d'évoluer librement. Les formes sont fixes dans les trois premières dimensions mais elles se trouvent activées au travers de la quatrième dimension.
Le sujet d'une œuvre suprématiste est la capture d'un moment de l'évolution des formes dans les dimensions. Malevitch représente dans ses œuvres un univers infini en blanc dans lequel flottent, montent ou chutent des formes géométriques. Malevitch remet la responsabilité au spectateur pour la compréhension de ses compositions. Le spectateur doit visualiser les formes avec leurs multiples positions au travers des dimensions afin de comprendre une œuvre suprématiste.

 

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C O N S T R U C T I V I S M E

Courant artistique du XXe siècle qui privilégie une construction plus ou moins géométrique de forme.

Russe à l’origine, le Constructivisme est de nature spirituelle et esthétique. Chez les Frères Gabo et Pevsner, auteurs du manifeste réaliste de 1920, ainsi que chez Malevitch à la même époque, tous trois recherchant dans des constructions sculpturales ou picturales de ligne et de plans l’expression d’une essence de l’univers. Le mouvement est, au contraire tourné vers des réalisations pratiques chez Tatline, qui l’avait inauguré avec ses « reliefs picturaux », assemblage de 1914, rejoint vers 1923 par Malevitch et Lissitzky dans un même souci d’application à l’architecture, au design, aux Arts graphiques. En occident, des mouvements comme DE STIJL (notre artiste Guy Vandenbranden faisant partie de ce mouvement) relèvent du constructivisme, au sens large, de même que la sculpture abstraite de tendance géométrique ; l’Art Cinétique en est issue.

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A partir de 1913 environ sur la base du cubisme et du futurisme (mouvement artistique fondé en Italie en 1909 pour la glorification de la civiIisation moderne, du progrès technique et de la vitesse contre la tradition conventionnelle et le passéisme culturel) utilisant exclusivement des éléments géométriques comme le cercle le rectangle ou la ligne droite.




L'interaction des formes crée une tension à l'intérieur du tableau. Le but de l'art constructiviste est d'exclure de l'oeuvre le réel et les référencés au réel, afin d'accéder à une autre forme de réédité esthétique. Le courant ne se limite pas aux arts plastiques ; il implique également l'adhésion à l'évolution de la technique moderne et englobe tous les domaines de l'existence architecture, mode, design.

Les premiers constructivistes sont Malevitch, Rodchenko en Russie ; à la suite de la révolution Russe provenant l'unité entre l'art et la politique, le constructivisme évolue vers une forme particulière à ce pays qui est le suprématisme (mouvement de peinture non figurative fondé en 1913 par Malevitch.
Partant du cubisme il prône une pure abstraction géométrique en se limitant au carré, complète en suite par des triangles et le cercle. La première toile suprématiste est exposée en 1915 : carre noir sur fond blanc.) Indépendamment des constructivismes Russes et parallèlement au suprématisme, se forme en Hollande le groupe De Stijil dominé par Mondrian. Le constructivisme s'étend en Europe et gagne les États Unis après la seconde guerre mondiale. Enfin il est à l'origine de nombreux courant de l'art moderne, l'art cinétique, l'art concret, op art, etc....Le principe du constructivisme n'a pas perdu son impact, est repris périodiquement par de nombreux artistes.

Le constructivisme représente une nouvelle forme de pensée dans l'art moderne. Les artistes constructivistes ont pressentit les impératifs du développement d'une société nouvelle. Les problèmes esthétiques sont relégués au second plan ; il s'agit de rendre avant tout "fonctionnel".
A partir des années 20, l'idée constructiviste inspire l'architecture, la sculpture, les arts appliqués. Elle favorise le développement du "design", elle posera les bases de la typographie moderne et fait découvrir la technique du photomontage.

Cette nouvelle volonté constructiviste se manifeste dans les oeuvres de MALEVITCH, RODTCHENKO, elle précise l'idée d'un art de l'avenir qui se doit de rester réaliste et résolument moderne. Associé dans ses débuts avec le mouvement marxiste de la Révolution, le constructivisme est l'expression de cette doctrine qui entend construire une nouvelle société. Le mot "construction" est l'un des mots le plus fréquemment employés à l'époque.

- Architecture - La notion de "structure" apparaît dès 1915 dans les projets de LE CORBUSIER (maison DOM-INO), il définit clairement la nouvelle conception de l'architecture, elle devient une "construction" déterminée uniquement par une structure intérieure et des murs-rideaux . Ce qui compte c'est une structure dynamique et non plus le volume et la ligne. En l919 Walter GROPIUS applique dans ses "gratte-ciel" le principe constructiviste de la structure dynamique (ossature métallique et murs en verre).

- Enseignement - C'est au Bauhaus que les nouvelles idées de l'après-guerre marquent un enseignement tourné vers le rationnel et le fonctionnel. Dans cette école des artistes comme : KANDINSKY, KLEE, MOHOLY-NAGY, GROPIUS forment les plasticiens et les stylistes de la nouvelle époque industrielle.

- Pratique - Dans les années 20 le développement théorique du constructivisme ne s'accompagne que de réalisations modestes. LE CORBUSIER ne construit alors que des villas où il applique l'architecture fonctionnelle "machine à habiter". Ce n'est qu'avec le développement des grandes cités américaines que le constructivisme devient le style du 20c siècle.
- Dans le domaine des arts appliqués le constructivisme a été la source d'une véritable révolution des principes décoratifs :
- Typographie moderne.
- Photomontage.
- L'image visuelle libérée de son contenu représentatif acquiert la liberté et maîtrisa le langage abstrait.
KANDINSKY construit une iconographie de type abstrait (Bauhaus).

- Meubles BREUER et RODTCHENKO

- Photomontage, pionnier du photomontage.

- Peinture. Le constructivisme fut l'un dès ancêtres directs de l'art abstrait géométrique qui est encore pratiqué par de nombreux artistes. Le plus grand artiste lié au constructivisme fut PIET MONDRIAN.

- Très proche des "codes" cubistes synthétiques, en particulier des sculptures de PICASSO, le constructivisme propose une réorganisation de l'espace à partir des formes et des volumes géométriques.
TATLINE
LISSITSKY formes géométriques sur fonds monochromes.
RODTCHENKO formes dynamiques, géométriques.



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